Les députés valident la privatisation d’Aéroports de Paris

L’Assemblée nationale devait se prononcer sur l’article 49 de la loi Pacte* qui supprime l’obligation de maintenir la majorité du capital du groupe dans le giron de l’Etat.

Engagé depuis plusieurs mois, le projet de privatisation d’ADP vient de passer une étape législative décisive : jeudi, les députés ont adopté, en seconde lecture (par 42 voix, contre 17 contre), l’article 49 de la Loi Pacte qui autorise l’Etat à se désengager du capital de l’entreprise, gestionnaire des principaux sites aéroportuaires d’Ile de France, dont Orly, Roissy Charles-de Gaulle et Le Bourget. Ce vote n’est pas une surprise : le texte avait déjà été approuvé une première fois par l’Assemblée en octobre 2018, la contestation parlementaire la plus vive s’étant manifestée sur les bancs du Sénat qui l’avait rejeté en février dernier, au motif que la cession du groupe à des opérateurs privés contrevenait à des enjeux de souveraineté et de sécurité nationales, autant qu’il représentait un non-sens économique.

Ces arguments sont aujourd’hui martelés par les oppositions politiques de tous bords : en chœur, les représentants communistes et LFI (La France Insoumise) suspectent le gouvernement de vouloir faire un « cadeau à Vinci » (actionnaire majoritaire d’ADP et candidat à la reprise du capital) en guise de réparation après l’abandon du chantier de l’aéroport à Notre-Dame des-Landes dont il devait être l’exploitant. Un front auquel se sont joints des députés socialistes dans un projet commun visant à dénoncer la mesure devant le conseil constitutionnel, qu’ils ont annoncé vouloir saisir.

170 millions d’euros de bénéfice

Bruno Retailleau, chef de file des Républicains au Sénat, pointe une « erreur stratégique » semblable à celle qui avait amené le gouvernement de Dominique de Villepin à vendre le secteur autoroutier à Vinci entre 2005 et 2007 : « les principes libéraux nous apprennent qu’il ne faut jamais céder un monopole » car ce type d’opération « aboutit toujours à privilégier de façon démesurée des intérêts privés ». Dans un registre plus sécuritaire, l’ancien président du conseil des Pays de la Loire juge que c’est « une faute de privatiser les aéroports qui abritent nos frontières ».

La privatisation d’ADP se traduira par une concession de 70 ans au profit du futur propriétaire. Une opération que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire estime nécessaire « pour garantir le développement de ce fleuron économique ». Rappelons que le groupe, détenu à 50,6% par l’Etat a dégagé quelque 170 millions d’euros de dividendes en 2018. Une partie de ces gains seront reversée au sein d’un fonds destiné à financer l’innovation. Quant au montant de la vente des participations publiques, il devrait se chiffrer aux alentours de 10 milliards d’euros.
Mardi dernier, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux défendait le projet sur les ondes de la radio France Inter. Et d’argumenter que « le rôle de l’Etat c’est de s’occuper de l’éducation, de la recherche, de la santé, de la justice, de la sécurité, et donc il faut aussi savoir dire qu’il y a certaines activités qui doivent être rendues au secteur concurrentiel ».

*Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises

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