Le comité d’entreprise d’Air France au bord du gouffre

Les problèmes du troisième comité d’entreprise le plus riche de France ne s’arrangent pas. Il n’est même plus en mesure de financer son plan de départs volontaires. Les caisses sont quasiment vides. Le tribunal de grande instance de Bobigny avait accepté la mise sous sauvegarde du comité central d’entreprise (CCE) d’Air France.

Didier Fauverte, son secrétaire général, a demandé cette mise sous sauvegarde pour protéger l’instance de ses créanciers. La direction du CCE est désormais sous les mains de l’administrateur judiciaire Philippe Bleriot, le mandataire désigné en 2011 par le même tribunal pour sauver ce qui pouvait encore l’être.

Malgré un budget supérieur à 90 millions d’euros, les comptes de l’organisme sont dans le rouge. Et il ne peut plus honorer ses engagements. Depuis 2010, sa trésorerie était systématiquement déficitaire. L’année précédente, quand la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) était aux commandes, le comité d’entreprise d’Air France affichait déjà une perte de 11,6 millions d’euros.

En 2010, le cabinet Mazars, chargé du diagnostic des pratiques comptables du CCE, avait constaté « une absence de pilotage d’ensemble de la partie financière ». Un an après, le représentant désigné par le tribunal de Bobigny a affirmé que le Comité devrait récupérer au plus vite 20,5 millions d’euros pour pouvoir continuer ses activités.

Face à cette situation catastrophique, les dirigeants ont lancé un plan de départs volontaires qui vise à réduire le nombre de salariées à 175. Cependant, il n’y avait que 71 salariés sur 90 qui se sont manifestés. Et même dans ces conditions, le CCE manquait de moyens financiers pour rémunérer ces départs.

Jean-Yves Quinquenel, pilote de ligne et ancien secrétaire général du CCE, avait rappelé que c’est cet organisme qui est le plus sollicité des CE d’Air France. Pourtant, c’est le Comité d’Entreprise Opérations Aériennes (CEOA) qui bénéficie des 90 % de son budget pour les personnels. Une manière de souligner la fragilité des frais de fonctionnement (de 2 à 3 % de l’enveloppe globale) et de sa masse salariale (5 %).

Rappelons qu’en 10 ans, les effectifs du CCE sont passés de 184 à 308 salariés et ses ressources ont diminué de moitié. Logements de fonction indûment attribués, achats par Carte Bleue, documents comptables détruits… La gestion du CCE est pointée du doigt. Pour assainir ses comptes, le CCE n’échappera sans doute pas à des mesures plus radicales, à commencer par une refonte de sa gouvernance.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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